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Introduction

La Thacufeng (littéralement "le flux de vie" en Èlyan Sèyun), est la religion principale de l'Empire de Belda'. Fondée il y a plusieurs millénaires, elle structure profondément la société de Belda' et influence les relations diplomatiques de l'Empire avec les autres nations.

La Thacufeng repose sur la croyance en une lignée sacrée d'empereurs descendant directement d'un prophète fondateur, et sur l'interprétation d'une prophétie centrale.

Ordre Thacufeng

Infrastructures sacrées

La Thacufeng s'organise autour d'un réseau d'infrastructures religieuses hiérarchisées, permettant à la fois la pratique du culte, la préservation des enseignements et l'administration spirituelle de l'Empire.

Le Palais Impérial de Belda'

Au sommet de l'ordre Thacufeng se trouve le Palais Impérial de Belda', résidence de l'Empereur et centre spirituel de la religion. Ce palais historique, érigé il y a des millénaires, est à la fois le siège du pouvoir temporel et le lieu le plus sacré de la Thacufeng.

C'est au sein du Palais Impérial que se tiennent les grandes cérémonies religieuses, les couronnements impériaux, et les conseils entre l'Empereur et les plus hauts dignitaires de la Foi. Le palais abrite également des archives sacrées contenant les textes fondateurs de la religion et les écrits attribués au prophète originel.

Les Monastères

Les monastères constituent le deuxième niveau de l'infrastructure religieuse. On en trouve généralement entre un et cinq par région de l'Empire, selon l'importance démographique et historique du territoire.

Ces monastères servent de :

  • Centres d'étude et de préservation des textes sacrés
  • Lieux de formation pour les érudits et les moines
  • Refuges spirituels pour ceux en quête de méditation et de guidance
  • Relais administratifs pour la Foi dans les régions éloignées de la capitale

Les monastères sont dirigés par des membres éminents de la hiérarchie religieuse et peuvent abriter des dizaines, voire des centaines de religieux selon leur taille.

Les Maisons Religieuses

Au niveau local, presque chaque grand village et toutes les villes de l'Empire disposent d'une maison religieuse. Ces bâtiments modestes mais essentiels remplissent un double rôle :

  • Lieu de culte : où se déroulent les cérémonies quotidiennes, les prières communautaires, et les rites de passage (naissances, mariages, funérailles)
  • Logement pour les érudits : qui y résident et servent la communauté locale en tant que guides spirituels, éducateurs, et conseillers

Les maisons religieuses sont souvent le premier contact entre la population ordinaire et la Thacufeng, et jouent un rôle crucial dans la cohésion sociale des communautés.

Hiérarchie religieuse

L'ordre Thacufeng s'organise selon une structure hiérarchique claire, chaque rang ayant des responsabilités spécifiques dans la préservation et la transmission de la foi.

Le Shanryù (L'Empereur)

Au sommet absolu de la hiérarchie se trouve l'Empereur de Belda', héritier direct de la lignée du prophète fondateur. L'Empereur n'est pas seulement un souverain temporel, mais également le chef spirituel suprême de la Thacufeng.

Il est considéré comme l'intermédiaire privilégié entre le divin et le monde terrestre, et sa parole sur les questions de foi est considérée comme sacrée. C'est lui qui valide les interprétations majeures des textes sacrés et qui préside aux cérémonies les plus importantes.

Les Shenlù (Guides de la Voie)

Immédiatement sous l'Empereur se trouvent les Shenlù (littéralement "Guides de la Voie"), les plus hauts dignitaires religieux de l'Empire. Ils forment un conseil restreint qui conseille l'Empereur sur les questions spirituelles et administratives de la Foi.

Les Shenlù supervisent l'ensemble des monastères de l'Empire, nomment les dirigeants régionaux, et sont responsables de l'interprétation des textes sacrés. Ils résident généralement au Palais Impérial ou dans les plus grands monastères.

Les Ryùshen (Maîtres Spirituels)

Les Ryùshen dirigent les monastères régionaux et supervisent plusieurs maisons religieuses dans leur territoire. Ce sont des érudits accomplis qui ont consacré des décennies à l'étude des textes sacrés et à la pratique spirituelle.

Un Ryùshen est responsable de :

  • L'administration de son monastère
  • La formation des moines et érudits sous sa supervision
  • La guidance spirituelle des communautés de sa région
  • Le maintien de la discipline et de l'orthodoxie religieuse

Les Daoshen (Gardiens de la Sagesse)

Les Daoshen sont des moines érudits qui résident dans les monastères ou dirigent les maisons religieuses des grandes villes. Ils ont atteint un niveau avancé dans leur compréhension des enseignements et servent de pont entre la hiérarchie supérieure et les communautés locales.

Ils peuvent :

  • Diriger des cérémonies importantes
  • Former les jeunes novices
  • Conseiller les autorités locales sur les questions morales et spirituelles
  • Arbitrer les disputes religieuses

Les Kushao (Érudits)

Les Kushao constituent le rang le plus répandu de la hiérarchie. Ce sont les moines et érudits qui vivent dans les maisons religieuses des villages et petites villes, au contact direct de la population.

Leurs tâches quotidiennes incluent :

  • Conduire les prières et cérémonies locales
  • Enseigner aux enfants les bases de la foi et de l'écriture
  • Conseiller les habitants sur les questions personnelles et familiales
  • Préserver et recopier les textes sacrés

Les Menlu (Novices)

Les Menlu sont les apprentis qui ont rejoint l'ordre Thacufeng mais n'ont pas encore achevé leur formation. Ils étudient sous la direction des Kushao et des Daoshen, apprenant les textes sacrés, les rituels, et les responsabilités de leur futur rôle.

La période de noviciat dure généralement entre cinq et dix ans, selon les capacités de l'individu et le rang qu'il aspire à atteindre.


Théologie et doctrine

Le Prophète Sùtèsha

Le fondateur de la Thacufeng est connu sous plusieurs noms selon les sources et les périodes de sa vie : Sùtèshatèno durant sa jeunesse et son ascension, Sùtèshashan une fois devenu empereur, ou simplement Sùtèsha dans les textes sacrés les plus anciens.

Selon la doctrine Thacufeng, Sùtèsha n'était pas un homme ordinaire, mais un être descendu sur terre, choisi et guidé directement par Dieu pour accomplir une mission divine : unifier l'humanité fragmentée et faire connaître la parole de Dieu au monde.

Les textes sacrés racontent que Sùtèsha parcourut le monde alors divisé en innombrables royaumes, tribus et territoires en conflit. Par sa sagesse, sa compassion et sa guidance divine, il parvint à unifier l'ensemble du monde connu en un seul empire, mettant fin aux guerres et instaurant une ère de paix et de prospérité.

Le Beau Pays (Belda')

De son vivant, Sùtèsha fonda ce qu'il nomma le Beau Pays, Belda' en Èlyan Sèyun. Ce concept constitue l'un des piliers fondamentaux de la doctrine Thacufeng. Belda' fut conçu comme un refuge sacré sur terre pour les hommes de bonne volonté contre la corruption du monde. Ce n'était pas simplement un territoire mais un lieu où l'humanité pourrait vivre guidée par les enseignements divins et protégée par la lignée sacrée des empereurs.

Aujourd'hui encore, l'Empire de Belda' se considère comme l'héritier direct de cette vision, et le maintien du "Beau Pays" reste au cœur de l'identité religieuse et politique de l'Empire. Pour les croyants de Belda', le Beau Pays existe ici et maintenant : c'est le territoire impérial lui-même, guidé par la lignée continue des empereurs depuis Sùtèsha. Chaque dynastie ayant succédé au trône, même par branches collatérales, perpétue selon eux la protection divine et maintient vivant le refuge sacré fondé par le prophète.

Toutefois, cette interprétation est vivement contestée par les conservateurs de Thalun et Miradan. Selon eux, la lignée sacrée s'est rompue il y a plusieurs siècles, lorsque la succession directe père-fils de la première dynastie de Sùtèsha s'est interrompue. Toutes les dynasties qui ont suivi ne sont, à leurs yeux, que des usurpateurs sans légitimité divine, incapables de préserver le caractère sacré du Beau Pays. Pour les croyants de Thalun et Miradan, le Beau Pays n'existe plus : il a disparu avec la fin de la vraie lignée, et l'Empire actuel de Belda' n'est qu'un État ordinaire, dépourvu de la protection divine qu'il prétend incarner.

Cette divergence théologique a des conséquences concrètes sur la pratique religieuse. Lorsque les rites évoquent le Beau Pays : comme dans le Rite de départ en guerre où les soldats sont appelés "gardiens du Beau Pays", les croyants de Belda' y voient une référence directe à leur Empire actuel. En revanche, à Thalun et Miradan, cette même expression est prononcée avec un sens eschatologique : une invocation empreinte d'espoir que le prophète Sùtèsha revienne un jour pour restaurer le véritable Beau Pays, rétablir la lignée sacrée, et purifier le monde de la corruption qui s'y est accumulée. Pour eux, le Beau Pays appartient au passé glorieux et à un futur espéré, mais certainement pas au présent corrompu.

Ce schisme sur la nature et l'existence du Beau Pays alimente les tensions politiques et religieuses entre l'Empire de Belda' et ses anciens territoires devenus indépendants, chacun revendiquant être le dépositaire de la vraie foi de Sùtèsha.

La Table de la Thacufeng

La Table de la Thacufeng désigne l'ensemble des commandements écrits par Sùtèsha lui-même, établissant les règles fondamentales permettant la vie en communauté au sein du Beau Pays.

Ces commandements ne sont pas de simples préceptes spirituels, mais des principes de vie concrets qui guident le comportement quotidien des citoyens de l'Empire. Ils touchent à la moralité personnelle, aux relations sociales, au respect de l'autorité, et aux devoirs envers la communauté.

La Table de la Thacufeng occupe une place centrale dans l'espace public de l'Empire de Belda'. En principe, elle est affichée sur toutes les infrastructures publiques : les mairies et bâtiments administratifs, les maisons religieuses, les monastères et lieux de culte, les écoles et académies, ainsi que les casernes de l'armée.

Pour les fidèles de la Thacufeng, respecter la Table n'est pas seulement une obligation légale ou morale, mais un acte de dévotion envers Sùtèsha et la vision divine qu'il a transmise.

L'Âme

La Thacufeng enseigne une distinction fondamentale entre les êtres dotés d'une âme capable de choisir et ceux qui en sont dépourvus. Cette doctrine influence profondément la manière dont les fidèles perçoivent les animaux, les défunts et leur propre nature.

Selon les enseignements de Sùtèsha, chaque être humain naît avec une âme pure, mais possède le libre arbitre : la capacité de choisir entre le bien et le mal. Chaque décision, chaque action mauvaise accomplie durant la vie corrompt l'âme et y accumule du mal. À la mort, lorsque l'âme se sépare du corps, elle se divise en deux parties distinctes : la corruption accumulée s'échappe et erre sur terre, restant attachée au lieu de la mort et ses environs proches, tandis que la partie purifiée s'envole et rejoint le vent. Pour les fidèles de la Thacufeng, le vent est bien plus qu'un phénomène naturel : il représente la pureté de toutes les âmes libérées, un souffle divin qui traverse le monde et porte en lui les essences purifiées de ceux qui sont passés.

Les âmes purifiées qui rejoignent le vent ne disparaissent pas simplement. Selon la doctrine, elles peuvent, selon leur propre désir, prendre refuge temporairement ou définitivement dans un être vivant non doté d'âme, comme un animal. C'est pourquoi les animaux, bien qu'ils n'aient naturellement pas d'âme capable de choisir, sont traités avec respect par les croyants : ils peuvent devenir les réceptacles d'âmes humaines purifiées. Un oiseau, un chien ou un cerf pourrait abriter l'âme d'un ancêtre vertueux.

La doctrine fait également une distinction capitale concernant les Jona'ra de sang pur (ceux nés de deux parents Jona'ra). Selon l'interprétation de Belda', ces êtres ne possèdent pas une âme humaine ordinaire, mais directement un fragment de l'âme de Dieu lui-même. Cette croyance justifie leur statut de messagers divins et explique le caractère sacré de leur peuple aux yeux des fidèles de la Thacufeng. Toucher à un Jona'ra de sang pur, c'est toucher au divin même.

La corruption errante libérée par les morts demeure l'une des préoccupations spirituelles majeures de la Thacufeng. Attachée au lieu de la mort et à ses environs immédiats, cette corruption est considérée comme la source de nombreux maux : cauchemars persistants, pensées suicidaires, excès de violence inexpliquée, folie soudaine, mais également les maladies physiques. Lorsqu'une personne éternue ou tousse, les fidèles y voient la manifestation de la corruption qui s'échappe de son corps et peut contaminer les autres. Cette croyance explique les précautions prises autour des malades et la nécessité de rituels de purification pour protéger les communautés.

Cette vision justifie les rituels de purification réguliers, particulièrement après les batailles, ou dans les lieux où de nombreuses personnes sont mortes.

Le Vent Sacré

Le Vent Sacré occupe une place centrale dans la cosmologie de la Thacufeng. Il n'est pas simplement un phénomène naturel, mais une manifestation divine : le souffle même de Dieu qui traverse le monde.

Selon la doctrine, le Vent Sacré est le réceptacle de toutes les âmes purifiées qui ont quitté leur enveloppe corporelle après la mort. Lorsqu'une personne meurt, son âme se divise : la corruption accumulée durant la vie s'échappe et erre au lieu du décès, tandis que la partie pure s'envole et rejoint le vent. Ainsi, le vent qui souffle à travers les plaines, les montagnes et les villes porte en lui les essences de tous ceux qui sont passés avant nous.

Le Vent Sacré joue également un rôle crucial dans de nombreux rites de la Thacufeng. Lors des funérailles, les corps sont exposés en hauteur pendant trois jours pour rapprocher l'âme du défunt du vent et faciliter son ascension. Lors du départ en guerre, les soldats sont encouragés à laisser le vent guider leurs pas.

L'Huile consacrée

L'huile consacrée occupe une place particulière dans la pratique rituelle de la Thacufeng. Elle est utilisée symboliquement pour attirer l'attention de Dieu sur un lieu, un objet ou une personne spécifique, marquant ainsi une intention sacrée ou une demande de bénédiction divine.

Le geste rituel consiste à tracer un cercle d'huile sur la cible désignée.

Toutefois, marquer avec l'huile ne suffit pas. Une fois l'attention de Dieu attirée par le cercle tracé, il est nécessaire de prononcer une prière expliquant clairement ce que l'on souhaite communiquer à Dieu concernant ce qui a été marqué : demande de protection, remerciement, consécration, ou purification. L'huile ouvre la porte, mais la prière transmet le message. Sans prière, le geste reste vide de sens et n'accomplit rien.

L'huile utilisée est généralement consacrée par un membre du clergé et peut être utilisée par n'importe quel croyant.

Couleur blanche

Le blanc est la couleur de la pureté de l'âme dans la Thacufeng. Elle symbolise l'état originel de l'âme humaine à la naissance, avant que les choix et les actes de la vie ne l'aient corrompue. C'est pourquoi le blanc est omniprésent dans les cérémonies religieuses : les mariés portent des tuniques blanches lors du mariage, les bannières des fêtes religieuses sont blanches, et les vêtements de deuil peuvent être blancs pour honorer la partie purifiée de l'âme du défunt qui rejoint le Vent Sacré.

Couleur dorée

Le doré est la couleur de la bénédiction divine et de la présence de Dieu dans le monde. Elle représente la lumière céleste, la grâce accordée par Dieu au Beau Pays, et la légitimité sacrée de la lignée impériale. Le doré est fréquemment associé au blanc dans les décorations religieuses et les cérémonies, symbolisant l'union de la pureté humaine (blanc) et de la protection divine (doré). Les vêtements cérémoniels des hauts dignitaires religieux, et les ornements des lieux de culte incorporent souvent du doré pour manifester visuellement la présence et l'approbation de Dieu.

L'Apostasie

L'apostasie, c'est-à-dire le rejet public et officiel de la Thacufeng par un croyant, occupe une place particulière dans la doctrine religieuse de Belda'. Contrairement à ce que l'on pourrait attendre d'une religion d'État, l'apostasie n'est pas considérée comme un crime ni même comme un acte fondamentalement condamnable en soi.

La Thacufeng enseigne que la foi sincère est préférable à la foi feinte. Selon cette logique, il est préférable qu'une personne qui doute annonce publiquement son rejet du culte plutôt qu'elle continue à faire semblant de croire tout en corrompant son âme par l'hypocrisie. Le mensonge et la dissimulation sont considérés comme des formes de corruption bien plus graves que le doute lui-même. Un apostat honnête est ainsi plus respecté qu'un croyant hypocrite.

Lorsqu'une personne se déclare apostat, elle n'est généralement pas rejetée ou persécutée par la communauté. Au contraire, elle est souvent perçue comme une victime de la corruption errante. Les fidèles considèrent que le doute et le rejet de la foi peuvent être provoqués par l'influence du mal qui rôde, particulièrement si la personne a été exposée à des lieux contaminés, à des traumatismes, ou à la proximité de la mort. La communauté tend donc à soutenir les apostats plutôt qu'à les condamner, les encourageant à se faire purifier et à chercher conseil auprès des moines et érudits.

L'apostasie est relativement courante dans l'Empire de Belda', notamment parmi les soldats revenant de guerre, les personnes ayant subi des épreuves difficiles, ou celles ayant été exposées à des idées étrangères. De manière générale, les personnes se déclarant apostats finissent souvent par revenir au culte après une période de réflexion, de purification spirituelle, et de guidance religieuse. Ce retour est célébré comme une victoire de la pureté sur la corruption, et l'ancien apostat n'est pas stigmatisé pour son égarement temporaire.

L'Anathème

L'anathème représente la sanction religieuse ultime dans la Thacufeng : l'expulsion forcée et définitive d'un individu hors de la communauté des croyants. Contrairement à l'apostasie, qui est un choix personnel respecté, l'anathème est une condamnation prononcée par les autorités religieuses contre une personne ayant commis des actes graves sans manifester la moindre intention de repentance.

L'anathème n'est pas prononcé à la légère. Il est réservé aux individus qui ont commis des crimes particulièrement odieux (meurtres en série, profanation délibérée de lieux sacrés, torture, trahison envers l'Empire au profit d'ennemis apostats) et qui, confrontés à leurs actes, refusent catégoriquement toute forme de repentir ou de purification. La doctrine Thacufeng enseigne que même l'âme la plus corrompue peut être purifiée par la pénitence sincère ; l'anathème frappe donc ceux qui rejettent cette possibilité et s'enfoncent volontairement dans le mal.

Lorsqu'un individu est frappé d'anathème, il est exclu de la communauté religieuse : les rites funéraires lui sont refusés, aucun moine ne peut le conseiller ou le purifier, et les fidèles sont encouragés à rompre tout lien avec lui. Pour marquer physiquement cette exclusion définitive, le condamné se voit tatouer sur le front l'inscription "ფღꜪპდზ ფპ ϟბ’Ϩძჟბ。" (Cufeng ce to'kajo), qui signifie littéralement "s'est éloigné du flux". Cette marque indélébile signale à tous que la personne a été rejetée du flux de vie sacré et ne peut plus prétendre à la protection spirituelle de la communauté.

Cette exclusion spirituelle s'accompagne généralement de conséquences civiles immédiates. L'anathème rime presque toujours avec l'expulsion du territoire impérial, l'individu étant contraint à l'exil perpétuel. Dans les cas les plus graves, notamment lorsque l'anathème est prononcé contre des criminels particulièrement dangereux ou des traîtres en temps de guerre, il peut également mener à l'exécution, bien que cette mesure reste moins fréquente que l'exil.

La portée symbolique de l'anathème dépasse la simple punition terrestre. Selon la doctrine, une personne frappée d'anathème verra, à sa mort, son âme entière, corruption et pureté confondues, rejetée par le vent divin. Elle ne pourra ni rejoindre le souffle sacré des âmes purifiées, ni trouver refuge dans un animal ou une autre créature. Son essence errante sera condamnée à se dissoudre lentement dans la corruption du monde, sans espoir de rédemption ni de repos éternel.

Cette sévérité extrême fait de l'anathème un outil rarement utilisé mais d'une efficacité redoutable pour maintenir l'ordre moral et social dans l'Empire. La simple menace de cette condamnation suffit souvent à encourager même les criminels les plus endurcis à chercher la voie de la repentance.

Relation avec l'argent

La Table de la Thacufeng énonce que "Ce qui est pris à la communauté doit être rendu à la communauté" et que "La richesse mal acquise ne nourrit que la honte". Selon l'interprétation la plus courante de ces commandements, l'argent n'est pas condamné en soi, mais doit être acquis honnêtement et utilisé au service du bien commun. L'enrichissement personnel par le vol, la tromperie ou l'exploitation est considéré comme une forme de corruption de l'âme.

Les fidèles sont encouragés à contribuer financièrement aux œuvres religieuses et communautaires, et l'accumulation de richesses sans partage est mal vue, particulièrement lorsqu'elle s'accompagne d'oisiveté ou de négligence envers les plus démunis. Toutefois, certains érudits proposent des interprétations plus nuancées, arguant que la richesse honnêtement gagnée et bien gérée peut elle-même être une forme de contribution au bien commun, notamment lorsqu'elle finance des projets bénéfiques à la société.

Relation avec le travail

"Le travail honnête ennoblit l'homme ; l'oisiveté le corrompt" et "Chacun doit contribuer selon ses capacités au bien commun" : ces deux commandements structurent la vision du travail dans la Thacufeng. L'interprétation dominante valorise le travail manuel et intellectuel comme un acte de piété et de participation à l'œuvre collective du Beau Pays.

L'oisiveté volontaire, c'est-à-dire le refus de contribuer alors qu'on en a la capacité, est perçue comme une forme de parasitisme social et spirituel qui corrompt l'âme. Cependant, cette doctrine ne condamne pas le repos nécessaire, ni l'incapacité de travailler due à la maladie, à l'âge ou à l'infirmité. Certains moines débattent sur la définition du "travail honnête" : pour les uns, seul le labeur productif compte ; pour d'autres, la méditation, l'étude et la prière constituent des formes légitimes de contribution spirituelle au bien commun.

Relation avec la violence

La Table déclare : "Celui qui tue ses frères et sœurs ne peut espérer le repos" et "Le fort protège le faible, car la force sans compassion n'est que violence". L'interprétation la plus répandue considère que la violence gratuite ou motivée par la cruauté est une corruption majeure de l'âme, mais que la violence défensive ou protectrice peut être justifiée dans certaines circonstances.

La protection de la communauté, de la famille et du Beau Pays contre les menaces extérieures est considérée comme un devoir sacré, ce qui légitime le service militaire et l'usage de la force contre les ennemis de l'Empire. Toutefois, même dans la guerre, l'excès de violence, la torture ou les massacres inutiles restent condamnés. Les érudits débattent régulièrement sur les limites de cette violence légitime : certains adoptent une position stricte, n'autorisant que la défense immédiate ; d'autres justifient des actions préventives ou punitives au nom de la protection collective.

Relation avec la mort

La mort occupe une place centrale dans la théologie de la Thacufeng. Elle est perçue non comme une fin, mais comme une séparation : l'âme purifiée s'envole pour rejoindre le vent divin, tandis que la corruption accumulée durant la vie s'échappe et erre au lieu du décès. Cette vision explique l'importance capitale des rites funéraires, qui visent à faciliter cette séparation et à protéger les vivants de la corruption libérée.

Le commandement "Honore ceux qui t'ont donné la vie" s'étend aux défunts, qui méritent respect et vénération même après leur passage. Les corps doivent être traités avec dignité, et la profanation des cadavres est considérée comme l'un des crimes les plus graves, car elle trouble le repos de l'âme purifiée et amplifie la corruption errante. Les lieux où de nombreuses personnes sont mortes : champs de bataille, prisons, lieux d'exécution, nécessitent des rituels de purification réguliers pour disperser le mal qui s'y accumule.

La mort violente ou prématurée est particulièrement redoutée, car elle libère brutalement la corruption sans que le défunt ait pu se préparer spirituellement ou recevoir les rites appropriés. Les familles des victimes de mort violente font donc appel aux moines pour des cérémonies de purification prolongées, afin de protéger la communauté et d'apaiser l'âme du disparu.

Suicide

Le suicide est considéré dans la Thacufeng comme un acte de désespoir provoqué par la corruption errante. Selon l'interprétation dominante, une personne qui met fin à ses jours ne le fait pas par choix libre, mais sous l'influence du mal qui l'a contaminée et qui a corrompu son jugement. Le commandement "La vie est un don sacré ; celui qui la gaspille offense le ciel" s'applique au suicide, mais avec une nuance importante : la personne est perçue comme victime plutôt que coupable.

Cette vision explique pourquoi les suicidés ne sont généralement pas condamnés moralement ni privés de rites funéraires. Au contraire, leur mort est traitée comme une tragédie spirituelle, signe d'une contamination qui n'a pas été détectée ou traitée à temps. Les communautés organisent des cérémonies de purification non seulement pour le défunt, mais également pour le lieu du suicide et pour l'entourage, considéré comme ayant été exposé à la même corruption.

Toutefois, dans de plus rares cas, certains érudits proposent des interprétations plus sévères, arguant que le suicide reste un choix ultime, même sous influence, et que la personne porte une part de responsabilité dans son incapacité à résister à la corruption. Ces débats théologiques n'ont jamais abouti à une doctrine unifiée, et les pratiques varient selon les régions et les sensibilités des moines locaux.

Relation avec les animaux

Comme évoqué dans la section sur l'âme, les animaux occupent une place particulière dans la Thacufeng : naturellement dépourvus d'âme capable de choisir, ils sont considérés comme purs, mais peuvent également servir de réceptacles temporaires ou permanents aux âmes humaines purifiées qui rejoignent le vent. Cette double nature explique le profond respect que les fidèles portent aux animaux, tout en reconnaissant leur utilité pratique pour la vie quotidienne.

Les animaux sont élevés pour leurs produits : viande, lait, laine, cuir, mais toujours avec respect et en plein air. Les éleveurs adeptes de la Thacufeng veillent à ce que leurs bêtes vivent une vie paisible jusqu'à leur abattage, dans l'idée que si une âme purifiée a pris refuge dans l'un de ces animaux, elle puisse bénéficier d'une existence digne et sereine. Avant tout abattage, un rite d'expulsion est systématiquement pratiqué. Ce rituel simple, que tout le monde est capable d'effectuer, vise à faire fuir la potentielle âme séjournant dans l'enveloppe animale, afin qu'elle ne souffre pas lors de la mise à mort. Une fois le rite accompli, l'animal peut être abattu sans crainte de profaner une âme purifiée.

Au-delà de leur rôle alimentaire, les animaux sont largement utilisés pour accomplir des tâches spécifiques, presque comme des métiers. Les chiens de berger, les oiseaux messagers et de reconnaissance, les chevaux de labour ou de guerre : tous ces compagnons de travail sont grandement respectés pour leur contribution au bien commun.

Les animaux de compagnie sont également très répandus dans l'Empire. Chiens, chats, oiseaux et autres créatures domestiques sont considérés non seulement comme des sources de réconfort, mais aussi comme des porteurs potentiels d'âmes ancestrales. Il n'est pas rare qu'une famille traite un animal avec une attention particulière, suspectant qu'il abrite l'âme d'un ancêtre cher.

Pratiques des adeptes

Prière

Rites