Rite Thacufeng de passage à l'âge adulte

Le Rite de passage à l'âge adulte est une cérémonie de la Thacufeng célébrant l'entrée officielle d'un jeune dans le monde des adultes à l'âge de vingt ans. Cette cérémonie se distingue par son caractère festif et communautaire, marquant un moment de joie collective plutôt qu'une épreuve solennelle.

Nature et importance

Dans la doctrine de la Thacufeng, l'âge de vingt ans représente le moment où l'âme humaine atteint sa pleine maturité morale. C'est à partir de cet âge que l'individu est considéré comme pleinement responsable de ses choix et de la corruption qu'il accumule ou évite. Avant cet âge, les erreurs et les mauvaises actions d'un jeune sont perçues comme relevant encore de l'immaturité spirituelle et pèsent moins lourdement sur l'âme.

Le Rite de passage à l'âge adulte marque donc une transition fondamentale : le jeune adulte devient un membre à part entière de la communauté, capable de contribuer au bien commun du Beau Pays et de porter la responsabilité de ses actes devant Dieu et devant les hommes. C'est également le moment où il annonce publiquement la voie qu'il choisit de suivre pour servir l'Empire et la communauté.

Organisation de la cérémonie

Le rite se déroule le jour même de l'anniversaire du concerné, ou le jour le plus proche si des circonstances exceptionnelles l'imposent. La cérémonie est organisée individuellement pour chaque jeune adulte.

Le lieu de la cérémonie est généralement une place publique du village ou de la ville, permettant à toute la communauté d'y assister librement. Si les conditions météorologiques ne le permettent pas, la cérémonie se déroule à l'intérieur de la maison religieuse locale ou du monastère le plus proche capable d'accueillir l'assemblée.

L'un des aspects caractéristiques de ce rite est son ouverture totale : il n'y a pas d'invitation formelle, et toute personne souhaitant assister à la cérémonie est la bienvenue. Il est toutefois attendu que la famille proche du concerné : parents, frères et sœurs, grands-parents, oncles, tantes, cousins soit présente, bien que cela ne constitue pas une obligation stricte. L'absence de membres de la famille peut être justifiée par la distance, la maladie, ou d'autres circonstances légitimes, sans que cela ne jette l'opprobre sur le jeune adulte.

Le parrain ou la marraine

Le jeune adulte doit choisir un parrain ou une marraine avant la cérémonie. Ce parrain joue un rôle symbolique essentiel dans le rite : il représente le lien entre le jeune et la communauté des adultes, et s'engage à accompagner le nouveau venu dans ses premières années de vie adulte.

Le parrain doit répondre à deux critères :

• Avoir lui-même déjà accompli son propre Rite de passage à l'âge adulte
• Avoir un lien de sang avec le concerné (frère, sœur, cousin, etc.) ou avoir réalisé avec lui le Rite Thacufeng du jumelage, qui crée un lien spirituel équivalent au lien familial

Le choix du parrain est laissé à la discrétion du jeune adulte et reflète souvent ses affinités personnelles et les relations de confiance qu'il a tissées. Il n'est pas rare qu'un frère ou une sœur aînée joue ce rôle, mais des amis jumelés ou des cousins proches sont également des choix fréquents.

Déroulement de la cérémonie

Rassemblement de l'assemblée

Les invités arrivent progressivement sur le lieu de la cérémonie et prennent place en silence, s'asseyant sur des bancs, des nattes ou directement sur le sol selon les coutumes locales.

Un membre du clergé, généralement un Kushao de la maison religieuse locale, mais parfois un Daoshen ou même un Ryùshen si la famille est influente surveille l'arrivée des participants. Lorsqu'il estime que l'essentiel de l'assemblée est présente, il fait signe au jeune adulte et à son parrain qu'ils peuvent commencer.

Arrivée du concerné et de son parrain

Le jeune adulte, accompagné de son parrain ou de sa marraine, fait son entrée devant l'assemblée. Les deux marchent côte à côte, symbolisant l'égalité qui existe désormais entre eux en tant qu'adultes. Ils se placent face à la communauté rassemblée, debout et visibles de tous.

Déclaration du parrain

Le parrain prend la parole en premier. Il s'adresse à l'assemblée, bien que les mots exacts puissent varier selon les régions et les préférences personnelles. L'important est que le sens de la déclaration soit respecté.

Une formulation courante est la suivante :

"Aujourd'hui, comme le prophète Sùtèsha l'a fait pour ses enfants, je m'engage à accompagner [Prénom] dans son entrée au monde des adultes. Je serai son guide, son soutien et son témoin."

D'autres variantes incluent :

"Devant cette assemblée et devant Dieu, je jure d'accompagner [Prénom] sur le chemin de l'âge adulte, comme Sùtèsha accompagna les premiers enfants du Beau Pays."

Ou encore :

"Par le lien qui nous unit, je m'engage à guider [Prénom] dans sa vie d'adulte, comme le prophète guida ses disciples."

Ce qui compte n'est pas la formulation exacte, mais la sincérité de l'engagement et la référence au prophète Sùtèsha, qui selon la tradition accompagna personnellement chacun de ses enfants spirituels vers l'âge adulte.

Déclaration du concerné

Une fois le parrain ayant parlé, c'est au tour du jeune adulte de s'adresser à l'assemblée. Cette déclaration est le cœur de la cérémonie : elle marque l'entrée officielle du jeune dans la communauté des adultes et son engagement envers le Beau Pays.

Le jeune doit inclure dans sa déclaration trois éléments essentiels, bien que la formulation exacte soit libre :

• Son prénom complet (parfois accompagné du nom de famille si la coutume locale le veut)
• La tâche ou le rôle qu'il assume pour contribuer au bien commun de Belda'
• Un engagement personnel (optionnel mais fréquent)

Voici quelques exemples de déclarations :

"Je suis Jehan, fils de Meilin. Aujourd'hui, je deviens adulte et je prends pour tâche de servir l'Empire comme soldat, protégeant le Beau Pays et ses habitants. Je jure de respecter la Table de la Thacufeng et de vivre dans la pureté autant qu'il m'est possible."

"Mon nom est Soltèrina. Je m'engage aujourd'hui à contribuer au Beau Pays en tant qu'érudite, préservant la connaissance et l'enseignant aux générations futures."

"Je suis Darun, et je choisis de servir ma communauté comme artisan maçon. Je bâtirai des maisons solides pour abriter les familles, et je veillerai à ce que mon travail honore le prophète Sùtèsha."

Certains jeunes adultes choisissent des formulations plus simples, d'autres plus poétiques. L'essentiel est que la déclaration soit sincère et qu'elle montre que le jeune a réfléchi à sa place dans la société. Il n'y a pas de jugement sur la noblesse ou l'humilité de la tâche choisie : un paysan, un soldat, un marchand ou un érudit sont tous également respectés tant qu'ils contribuent honnêtement au bien commun.

Bénédiction du clergé

Une fois la déclaration du jeune adulte achevée, le membre du clergé présent s'avance et prononce une courte bénédiction :

"Que le vent sacré guide tes pas, que ton âme reste pure, et que ta contribution au Beau Pays soit reconnue par Dieu et par les hommes. Tu es désormais adulte. Sois le bienvenu parmi nous."

Le clergé pose alors une main sur son épaule en signe de reconnaissance.

Acclamation de l'assemblée

L'assemblée répond à la bénédiction par des applaudissements. Contrairement aux rites plus solennels, cette partie de la cérémonie est bruyante et joyeuse. Les membres de la famille se lèvent souvent pour saluer le nouveau jeune adulte, et les amis viennent le féliciter.

Le banquet

La cérémonie religieuse proprement dite est suivie d'un grand banquet communautaire. Ce repas est préparé généralement par la famille du jeune adulte avec l'aide de voisins et d'amis.